Abus de conscience

Abus de conscience : « Il ne faut pas mélanger pouvoir et accompagnement spirituel »

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Abus de conscience : « Il ne faut pas mélanger pouvoir et accompagnement spirituel »

Par le Journal La Croix

Le dominicain Adrien Candiard intervient, mardi 13 novembre 2018, devant les participants à l’assemblée générale à Lourdes de la Conférence des religieux et religieuses de France. Dans la lignée du pape François et de sa Lettre au peuple de Dieu, il a choisi d’aborder le thème de « l’abus de conscience ».

La Croix : La présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), sœur Véronique Margron, vous a donné carte blanche pour intervenir, mardi 13 novembre, devant les 450 supérieur(e) s majeur(e) s réunis à Lourdes. Qu’avez-vous envie de leur dire ?

Frêre Adrien Candiard : Même si notre assemblée est joyeuse et fraternelle, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur la crise que traverse notre Église. Pour autant, je ne vais pas directement parler des abus sexuels, cette tragédie abominable qui me blesse et me navre comme tout le monde. Parce que je n’arrive pas à me sentir solidaire d’un auteur de crimes sexuels, je ne me sens pas directement, intérieurement concerné.

En revanche, ce n’est pas le cas lorsque j’entends une autre expression employée par le pape : celle d’« abus de conscience ». En tant que prêtre, confesseur et accompagnateur spirituel – surtout de jeunes -, je vois bien à quelles dérives je pourrais être conduit. Au nom du bien de l’autre, il est três facile de commettre de grosses erreurs.

La Croix : lesquelles ?

Fr. A.C. : Il est extrêmement simple de conduire quelqu’un sur la pente qu’on désire lui voir emprunter, surtout lorsqu’il vous accorde une confiance totale. C’est souvent une manière de régler ses propres comptes – avec son passé, sa famille -, mais ce n’est pas respectueux de sa liberté.

L’accompagnateur spirituel doit se mettre au service d’une relation qu’il ne maîtrise pas, entre Dieu et la personne qu’il accompagne. Or la vie religieuse, par son expérience de la vie fraternelle notamment, devrait avoir les ressources non seulement pour éviter ces dérives, mais aussi pour aider l’Église tout entiêre à se mettre au service de la liberté de tous.

Il ne s’agit pas, pour moi, de pointer une dérive, mais d’abord de regarder notre mission : aider à grandir en liberté. Ce versant positif est essentiel, car il y a quelque chose de dangereux à dénoncer un cléricalisme vague et mal défini : cela peut créer un climat délétêre, peut-être mortifêre, dont le suicide récent de deux jeunes prêtres est aussi l’expression. En pointant cette question de la liberté, j’essaie de parler d’un problême précis, sans faire comme si le problême, c’était « le clergé ». Le problême, c’est quand l’Église néglige sa mission premiêre, qui est pourtant importante et même enthousiasmante.

La Croix : comment la confusion entre pouvoir et accompagnement peut-elle se révéler possible ?

Fr. A.C. : Au nom d’une certaine efficacité, animé par l’envie d’obtenir des « résultats », l’accompagnateur peut être tenté de prendre le contrôle sur la personne. Et l’on manque le but de la relation en croyant bien faire.

Or, notre mission est considérable, elle suppose que nous préservions une chasteté de la conscience. Nous devons aider l’autre à grandir en liberté. Le respect de la conscience doit être absolu, il ne faut pas mélanger pouvoir et accompagnement.

La Croix : comment se prémunir contre les dérives ?

Fr. A.C. : Dans l’Église comme ailleurs, le droit nous sauve. Un supérieur de communauté n’a pas le droit de s’immiscer dans la conscience d’un religieux dont il a la responsabilité. Plus les rapports sont objectifs, plus sains ils sont. Il y a là un enjeu spirituel majeur.

Le Code canonique (article 630, § 5) l’affirme clairement : « Les membres iront avec confiance à leurs supérieurs auxquels ils pourront s’ouvrir librement et spontanément. Cependant il est interdit aux supérieurs de les induire, de quelque maniêre que ce soit, à leur faire l’ouverture de leur conscience. »

Recueilli par Bruno Bouvet (à Lourdes)
Source : https://www.la-croix.com

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