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Soeur Caroline, religieuse et kinésithérapeute à la Maison Jeanne Garnier

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Soeur Caroline, religieuse et kinésithérapeute à la Maison Jeanne Garnier

Soeur Caroline est franciscaine missionnaire de Marie. Religieuse et aussi soignante, cette professionnelle du soins est kinésithérapeute dans l’établissement de soins palliatifs, Jeanne Garnier, à Paris. Elle témoignage de son engagement et de la relation avec ses patients pas tout à fait comme les autres. Son maitre-mot : l’Espérance

Ils sont d’origines différentes, de milieux sociaux parfois opposés, de tous âges. Leurs croyances, leur foi diffèrent. Ils ne se sont jamais rencontrés et pourtant, ils vivent dans la même maison. Tous, connaissent une précarité extrême : ils sont au bout de leur vie. Que leur reste-t-il ? Quelques heures ? Quelques jours ? Quelques semaines peut-être ? ils sont tous patients de la Maison Médicale Jeanne Garnier à Paris où je travaille comme kinésithérapeute.

La Maison Médicale Jeanne Garnier est un Etablissement de Santé Privé d’Intérêt Collectif, elle a pour vocation depuis 150 ans d’accueillir, soigner, accompagner des personnes requérant des soins palliatifs précoces ou en phase avancée ou terminale de leur maladie, pour améliorer leur confort et leur qualité de vie. Elle compte 81 lits. Quelle espérance pour ces 80 personnes en fin de vie ? Quelle espérance pouvons-nous leur apporter ? Pèlerins d’espérance, ils l’ont été après des parcours de soins, pour la plupart difficiles, pénibles qui leur ont demandé beaucoup d’énergie, de combativité. Ils arrivent au bout du pèlerinage.

L’Espérance naît à travers la rencontre. « Bonjour, je m’appelle Caroline et je suis kinésithérapeute » à ce dernier mot, souvent les yeux s’illuminent. Sans en connaître forcement l’étymologie, ils savent que celui-ci a un rapport avec le mouvement. Et le mouvement, c’est la vie. « Si on vient prendre soin de mon ‘mouvement ‘, c’est que je suis encore vivant ». En effet, en soin palliatif, on ne rajoute pas du temps à la vie, mais on s’emploie à donner de la vie au temps qui reste. « JUSQU’AU BOUT … LA VIE » ainsi se nomme le livre que nous avons sorti pour célébrer nos 150 ans.

Par la prescription reçue du médecin, j’ai déjà une petite idée de ce que je peux faire avec le patient, cependant ma première question sera toujours : « quel est votre désir ? Comment voyez-vous notre collaboration ? » Je ne viens pas à eux pour leur imposer un soin. Ils doivent rester acteurs dans la relation que nous entamons là. Oui, c’est bien une histoire de relation. Par une approche holistique, c’est la personne dans sa globalité que nous approchons.
La réponse est souvent un désir de remarcher, de garder ou de retrouver un peu d’autonomie. Parfois, je vais pouvoir les aider dans cette voie, parfois non. Je dois être attentive à ne pas leur « vendre » du rêve : là n’est pas la véritable Espérance. Si je peux les remettre debout, je sais moi -mais quelque part, ils le savent aussi- que ce ne sera pas pour longtemps, viendra le moment où ils n’auront plus la force. Mais, si AUJOURD’HUI c’est possible, alors vivons aujourd’hui ! Et si ce n’est pas possible de se lever, d’autres choses sont possibles. A faire ou à être.

témoignage

La dignité d’une personne ne se réduit pas en sa capacité de faire des choses. Notre seule dignité est celle de nous savoir aimés. Prendre soin de quelqu’un, même dans un cadre professionnel, c’est toujours une manière de l’aimer, il mérite notre attention et notre respect. La vie est par elle-même une espérance. La servir jusqu’à ses derniers instants, c’est soigner l’Espérance de Dieu, Lui qui a tout misé sur l’Humanité. Lui, il a le temps pour Lui, nous, nous n’avons qu’aujourd’hui. Aujourd’hui…, pour donner, mais bien plus, pour recevoir. Dans ma relation avec le patient, je ne sais pas lequel des deux reçoit le plus de l’autre. Du choc de deux pierres l’une contre l’autre, naît une étincelle. De la rencontre en vérité de deux humains, jaillit la présence de Dieu. Les personnes en fin de vie ont, consciemment ou pas, le sens de l’essentiel. L’équipe médicale, que nous formons autour d’elles, est au service de cet essentiel. Chacun selon son métier, sa croyance ou sa foi, lui donne la forme qui lui revient.

Pour ma part, dans cette expérience, même professionnelle, les mots suivants s’écrivent désormais avec une majuscule : Essentiel ; Présence à l’Autre ; Vie ; Espérance.


Soeur Caroline CLARISSE, fmm

En savoir plus sur les Franciscaines missionnaires de Marie : https://www.fmmfrance.fr/

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