Assemblée générale

11-13 avril Assemblée générale de la CORREF

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11-13 avril Assemblée générale de la CORREF

Le mardi 11 avril s’est ouverte l’assemblée générale intermédiaire de la CORREF; jusqu’à jeudi, près de 250 responsables d’institut religieux se retrouvent autour des préconisations et bonnes pratiques issues des groupes de travail post-CIASE. Ils procéderont à un vote jeudi dans la matinée. Parmi les interventions remarquées de ce premier jour, celle du président de la CIIVISE, Edouard Durand qui est intervenu sur le thème “ne pas être spectateur de la violence”.

L’assemblée générale en photos !

Discours d’ouverture par sr Véronique Margron, présidente de la CORREF

Assemblée Générale de la CORREF
« Ne travaille pas au malheur de ton prochain alors qu’il vit sans méfiance auprès de toi ».
Proverbes 3, 28

Chers amis,

Voilà ce qui fonde notre assemblée de ces jours.
Ne pas, ne plus faire le malheur de celles et ceux qui vivent près de nous sans méfiance. En confiance, même.

Le théologien canadien Jean-Marie Tillard dans l’ensemble de son œuvre – des années 1970-1985 – toujours actuelle sur la vie religieuse, évoque nombre de fois la vie religieuse comme un hommage, comme un souci, une préoccupation, « tournée vers Dieu et même en temps rongée par l’inquiétude du monde ». Nous sommes là à cause du Christ et en faveur de ce temps. Elle s’insère, disait-il encore en 1986, « dans le dynamisme de ce que l’Évangile décrit comme l’entrée de Dieu dans la chair du monde, au cœur du réalisme du drame humain, en pleine communion à la détresse et aux espérances des hommes. »

C’est bien en cet endroit que s’enracine notre décision de la vie religieuse chrétienne. À cause du Christ et travaillée par l’inquiétude du monde.

Pourtant. Nous avons découvert un continent de ténèbres. Non pas en ce monde. Mais en nous. Non pas chez les autres mais chez nous, en notre Église, en notre histoire, en nos communautés. Ténèbres engendrées par les morts intimes infligées au corps, à l’âme, à l’esprit, à l’enfance, à l’espérance, de celles et ceux, petits et grands, qui vivaient sans méfiance dans nos maisons, nos institutions, notre proximité, notre aura, notre autorité, notre réputation, et partageaient nos liturgies et sacrements.

Là où la paix, la croissance, la sûreté d’être aimé en vérité, dans le respect le plus absolu devaient être signifiées, c’est la violence sournoise, la peur, le mal qui dévore qui se sont déchaînés. Sans bruit.

Alors aujourd’hui, en cette Assemblée générale, il s’agit de signifier dans nos actes que nous sommes « rongés par l’inquiétude », oui, celle du monde, ô combien. Mais aussi celles des victimes d’abus spirituels, de confiance, de pouvoir, de conscience et d’agressions sexuelles. Cette indignation et cette inquiétude-là ne sont pas périphériques. Elles ne sont pas conjoncturelles en attendant, enfin, des jours meilleurs. Elles font désormais partie de nous-même. De notre engagement. Il ne s’agit pas d’un dossier que nous espérons enfin clore dans 3 jours ou quelques mois. C’est de notre chair et cela nous entame. Non pour renoncer à cette vie religieuse à laquelle je crois de toute mon âme, comme chacune et chacun ici. Mais pour qu’elle soit honnêtement « à cause du Christ ».

Je sais l’implication, le labeur de nous tous. Depuis la décision de la mise en place de la CIASE nous n’avons pas chômé. Et beaucoup, dans leur Institut ont œuvré sans relâche en faveur des victimes, pour la justice et la vérité. Cela coûte cher moralement, spirituellement. Que chacun soit ici chaleureusement, profondément remercié. Dans ce drame et ce scandale, nous pouvons être fiers – paradoxalement – de ce qui se fait pauvrement, maladroitement sans doute mais réellement et qui nous oblige à continuer.

Contemplant lors de l’office du Vendredi saint les femmes et les hommes de tous âges qui venaient vénérer la Croix, je ne pouvais pas ne pas penser aux corps brisés dont nous connaissons – ou non – les visages marqués tout au creux des yeux. Je pensais à la torture qu’a été la croix pour Jésus. Qu’elle est pour chaque victime de cette infamie que sont la trahison de la générosité, de l’enthousiasme et l’intrusion, la prédation. Nous incliner devant la croix c’est nous incliner devant leur courage, leur attente de reconnaissance, de justice et de clarté. Et humblement, pauvrement, promettre du fond de l’âme que nous avons et que nous allons changer. Le faire non sans notre émotion. Celle qui est nécessaire à la prise de décision car elle nous prend aux entrailles. Comme la honte, la douleur, l’inquiétude qui tenaille, le désir du vrai.

Les événements et révélations dans les médias de ces dernières semaines pourraient pourtant nous en faire douter et en faire douter surtout les victimes, celles qui ont pris douloureusement la parole, celles qui ne peuvent le faire. De quoi encore craindre que nous restions dans le discours qui peut désormais être convenu de « l’écoute des victimes » ou dans des actes périphériques. Mais repérer les risques, nommer les emprises, quitter nos ingénuités coupables, déceler les abus de pouvoir, les corporatismes, en sommes-nous vraiment là ? Faire le plus de vérité possible, mesurer ce que sont des vies dévastées, y sommes-nous ? Quant à la question du consentement, en 2023, dans ces domaines si sensibles dont nous parlons, continuons-nous à croire au dramatique adage « qui ne dit mot consent ? » ou croire encore que « céder c’est consentir » ? ou encore qu’il n’y aurait pas des oui qui sont extorqués ? Le consentement repose sur la conversation mutuelle, sur un « consentement de vous à vous-même » écrivait Pascal. Tout autre chose laisse une marque ineffaçable.

Bref les gardes à vue et mises en examen des derniers jours obligent, s’il en est besoin, à ne pas oublier que la « toile de systémicité » dont parle le groupe conjoint CEF/CORREF « sur les causes des violences sexuelles » dans notre Église, n’est pas seulement celle d’hier. Mais d’aujourd’hui, comme d’ailleurs le rapport de la CIASE nous en mettait en garde. C’est là le réel et il est et reste notre maître.

Nous sommes ici ces jours – et je vous remercie chaleureusement toutes et tous d’avoir bravé les intempéries sociales et autres circonstances – pour poursuivre la mise en œuvre des recommandations de la CIASE grâce aux 10 groupes de travail mis en place fin 2021, 5 spécifiques à la CORREF et 5 conjoints avec la CEF. J’en remercie pour nous tous les pilotes et membres pour leurs ouvrages fondamentaux et denses. Entamer ainsi une authentique transformation de nos manières de vivre – « un changement de culture » disant Mgr Éric de Moulins Beaufort lors de son discours de clôture de l’Assemblée plénière de Lourdes il y a quelques jours. Le faire afin que nous sortions des empêtrements pour reprendre un autre terme de ce même groupe de travail « où chaque événement est comme une clef de voûte située à la croisée d’un ensemble de lignes de forces, et non le résultat d’une cause unique. » Il nous fallait alors voir large dans les questions abordées et les travaux effectués en témoignent avec une grande rigueur. Non pour nous démoraliser. Mais au contraire comprendre qu’à crimes systémiques réponse systémique. Aussi toute décision qui renforce la liberté et la dignité, protège des confusions, empêche les cumuls de positionnements, se prémunit contre les corporatismes, l’enclos de l’entre-soi et les idéalisations, qui nomme les choses telles qu’elles sont, toutes ces décisions luttent contre la chaîne des abus et des agressions. Pour nous-mêmes, nos propres membres, notre sens à être dans la vie religieuse avec liberté, comme pour celles et ceux dont nous avons mission de prendre soin.

Alors durant nos 3 jours, écouter, converser, débattre, chercher, argumenter, décider. Nous mettre à l’école des uns et des autres. Des groupes de travail que nous recevrons, de Frédéric Mounier notre coordonnateur et qui a suivi tous les travaux, de M. le juge Édouard Durand à qui je vais céder la parole avec beaucoup de gratitude, de la CRR et de son président Antoine Garapon, des victimes-témoins et supérieurs majeurs qui témoigneront du chemin fait avec la Commission.

Jeudi il faudra nous prononcer, du lieu de notre responsabilité, dans notre institut et pour la vie religieuse en France. Le conseil de la CORREF – que je remercie particulièrement ainsi que SG et toute équipe de la rue Duguay Trouin – à partir des recommandations des groupes, a fait un travail d’appropriation afin de vous le présenter et qu’il puisse être débattu et soumis au vote. « Les bonnes pratiques et les préconisations » sont la façon dont nous avons ensemble tenté une interprétation aussi fidèle que possible des propositions des groupes. Comme vous l’avez vu, pour nos votes nous ne prendrons en compte que les travaux que nous avons pu vous envoyer en temps et heure selon nos statuts, à savoir les 5 groupes spécifiques. Non que les 5 autres ne soient pas tout aussi essentiels. Aussi nous les écouterons et échangerons avec eux. Mais les votes concernant leurs travaux n’interviendront qu’à notre AG de novembre. Ce qui est aussi une façon de nous signifier qu’il ne s’agit pas de passer tranquillement à « autre chose ».

Nous vivons notre Assemblée au cœur dans cette grande semaine pascale.

Peut-être sommes-nous comme ces deux hommes, qui entrent et sortent du tombeau vidé de la mort. Comme le mouvement d’une vie, de toute vie. Leur corps épouse ce qui est advenu au corps de Jésus qui est entré, mort, en ce tombeau, et en est ressorti, vivant. Métaphore de la foi. Métaphore – nous l’espérons tant – du sens de l’existence. Ces deux hommes qui sortent du tombeau sont nos précurseurs. Leur corps passe du lieu de la mort, du silence, du scandale de la souffrance et de l’injustice, à l’espace ouvert, incertain et risqué de la vie vivante.

Anne Marie Pelletier écrivait magnifiquement, lors du chemin de croix à Rome en 2017, à propos de la 14e et dernière station à propos des femmes : « s’apprêtent-elles seulement, par ce geste, à embaumer leur espérance ? Et si Dieu avait préparé́ une réponse à leur sollicitude qu’elles ne peuvent deviner, imaginer, pressentir même… La découverte d’un tombeau vide…, l’annonce qu’il n’est plus ici, parce qu’il a brisé́ les portes de la mort… » C’est là notre foi. Croire à la sollicitude de notre Dieu qui en son Fils ressuscité nous témoigne qu’il est juste et bon d’essayer de Le suivre jusque-là où son corps fut déposé. Il fera le reste.

Pourtant, des pierres doivent encore être roulées. Ensemble.

Et décidément : « Ne travaille pas au malheur de ton prochain alors qu’il vit sans méfiance auprès de toi ». Pr 3, 28

Merci encore à vous tous ici, aux supérieurs/es majeurs/es, aux membres des groupes de travail, aux victimes-témoins, à Jean Christophe Meyer, délégué de la CEF, aux journalistes et à leur intérêt pour nos travaux. Merci à Catherine Shirk Lucas et sa magnifique initiative des Rubans contre l’oubli.

Bonne assemblée à nous tous.

Je vous remercie

sr Véronique Margron,

présidente de la CORREF


Communiqué final :

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