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20 mars : journée mémorielle pour les victimes d’abus. Message de Sr Véronique Margron

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20 mars : journée mémorielle pour les victimes d’abus. Message de Sr Véronique Margron

Ce 3e dimanche de carême, la liturgie nous fait entendre ces versets au chapitre 3 du livre de l’exode quand Dieu parle à Moïse :

« Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » (…)
« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. »

En ce même dimanche, l’Église catholique en France veut faire présentes à sa conscience, à sa vie, à sa foi, l’ensemble des victimes d’abus et d’atteintes sexuelles commis par ses membres. Ces 200 à 300 000 existences blessées, des années 50 à aujourd’hui.

Faire mémoire d’un peuple de vies brisées. Frères et soeurs du fils crucifié. Terre sainte, non par les crimes commis et les complicités coupables qui les ont déniés. Mais sainte car les larmes et les deuils de pan entier de vie qui ne purent se réaliser, les colères et le découragement de ce peuple, sont portés par le Dieu saint et juste. Lui a vu cette misère et l’a portée en son corps, sur Sa croix.

Faire mémoire de ces rapts de vie, d’insouciance, de confiance, de foi, c’est entendre la voix de l’enfant dans la personne de cette dame qui trouve l’immense courage de témoigner :

Ma toute première fois, c’était quand j’avais 5 ans, tu intervenais dans l’école pour nous apprendre les vraies valeurs de la vie.
J’y suis restée de 1958 à 1965.
J’y allais pour apprendre à lire, à écrire et pour avoir accès à la connaissance, pas pour baiser.
J’avais 5 ans et tu en avais 50.
Tu m’as tout pris. Tu as volé ma vie. Tu m’as détruite.
Tu as détruit ma vie la première fois que tu m’as violée. Je suis devenue étrangère à moi-même pour pouvoir survire sans affect, sans émotion.
Je suis une morte vivante pour la vie.
À 66 ans, je suis tellement vide que j’ai du mal à trouver les mots pour me révolter contre toi.

(Témoignage rapport de la Ciase – De victimes à témoins, octobre 2021, p. 37)

Ou cette personne, victime alors qu’elle était jeune religieuse,

« Le prêtre s’était immiscé dans le plus intime pour me dire que penser, que croire, qui être. Je n’étais qu’un modèle que lui me donnait à poursuivre, sans vie. Je devais être abandonnée à la volonté de Dieu me disait-il, dans une confiance aveugle, sans volonté propre, sans désir personnel. Peu importe ce qu’on fait de son corps ou du corps d’un autre, ce ne sont que des péchés de chair, disait le fondateur. Il suffit, juste après, de célébrer la messe, ce qu’il faisait, afin que tout soit pardonné, aseptisé, les mains lavées, comme l’avait fait Ponce Pilate ».

Alors en ce jour, tendons l’attention de nos cœurs. Des victimes de ces abominations, de ces crimes de l’âme autant que du corps sont à nos côtés, dans nos communautés, nos paroisses, parmi nos proches. Si nous savons retirer les sandales de nos pieds, nous faire plus petits, peut-être aurons-nous la grâce d’être authentiquement présents et le courage enfin de faire, mais pas sans vous.

Sr Véronique Margron op.

En savoir plus : https://eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/lutter-contre-pedophilie/temoins-pour-une-vie-nouvelle-journee-de-priere-du-20-mars-2022/

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